Lettre de l'ACIF No 3, octobre 1999

Éditorial

Chers adhérents et sympathisants,

La place des langues dans la vie internationale est un acquis. Elle reste la marque indéfectible de l'universalité des organisations internationales et témoigne de l'attachement des États membres audans le respect de la diversité linguistique en leur sein. Elle est source d'espoir pour ceux qui voient dans la communication internationale, une voie pacifique de règlement des conflits : "Tenir le même langage dans toutes les langues". 

La mise en valeur du multilinguisme des organisations internationales ne fait cependant pas l'objet de consensus en leur sein et les obstacles qu'elle rencontre méritent d'être mieux connus.

C'est la raison pour laquelle notre Association a vu le jour en novembre 1994 et qu'elle se veut un forum d'échanges sur la situation des langues dans les organisations internationales. Merci de soutenir notre action.

La situation du plurilinguisme dans les organisations internationales

D'après des statistiques établies en novembre 1998 par la CNUCED, les langues dans lesquelles les États membres demandent que leur soient fournis les documents et publicationsse répartissent comme suit : 

En comparant ces chiffres avec ceux du début des années 90, on s'aperçoit que la répartition des États membres par préférences linguistiques reste stable.

La réflexion sur le plurilinguisme dans les organisations internationales

En novembre 1998 l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) tenait à Genève son premier Symposium sur le plurilinguisme dans les organisations internationales. Le succèsrencontré par cette manifestation qui a su mobiliser de très nombreux participants des organisations internationales et des représentants des milieux diplomatiques montre que le sujet était d'actualité. Les Actes de ce Symposium peuvent être consultés auprès du Bureau de liaison de l'OIF, 46 avenue Blanc, 1202 Genève. D'autres symposiums devraient avoir lieu à New York et à Bruxelles.

Les résultats du Symposium de Genève ont notamment suscité le grand débat sur le plurilinguisme au Secrétariat de l'OMS à l'occasion de la 52e session de l'Assemblée mondiale. 

Lors du VIIIe Sommet de la francophonie, qui s'est tenu à Moncton du 3 au 5 septembre 1999 et auquel a participé le Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, la disposition suivante a été inscrite dans le Plan d'action de Moncton :

"Nous renouvelons notre engagement à défendre et à promouvoir l'utilisation de la langue française dans les organisations et enceintes internationales. Nous apporterons notre concours à la formation des diplomates en langue française. Nous veillerons au respect du plurilinguisme et de l'utilisation du français dans les organismes de normalisation tels l'AFNOR (Association française de normalisation) et l'ISO (Organisation internationale de normalisation). Nous soutiendrons la participation de francophones aux réunions d'experts de ces organismes, et la coopération internationale en matière de terminologie française." [axe No 2, par. 2.1.1.]

Le 24 septembre 1999, à l'occasion du dîner offert par le ministre des affaires étrangères de la France en l'honneur des représentations diplomatiques des États francophones auprès des Nations Unies, le Secrétaire général des Nations Unies a récité le poème ci-après :

Chaque année, avec l'automne,

vient le dîner des francophones, 

où peuvent s'exprimer, enfin,

Suisses, Béninois et Canadiens,

Luxembourgeois et Camerounais, Tunisiens, Maliens et Français.

Qui parle la langue de Racine,

est l'invité d'Hubert Védrine.

Qui parle la langue de Voltaire,

est là, ce soir, à l'Hôtel Pierre.

Pour moi, francophone "honoris causa"

quel plaisir, quelle fierté, quelle joie !

À l'heure où tout se mondialise,

"La Francophonie dit "J'existe".

J'en suis ravi car, quoi qu'on dise,

un monde homogène, c'est trop triste.

La diversité, c'est la vie,

la force des Nations Unies.

A Moncton, il y a trois semaines, 

je l'ai constaté par moi-même :

la Francophonie est vivante,

dynamique et partout présente,

luttant pour un monde pluriel

et des valeurs universelles.

En cette Assemblée générale,

je compte sur vous pour le montrer :

français, chinois, russe, c'est égal,

ce qui compte, c'est la volonté, 

de s'engager solidairement,

face aux problèmes de notre temps.

Voici, chers amis, quelques vers,

que je voulais vous dire ici.

Veuillez excuser, je vous prie, 

leur forme un peu irrégulière :

je ne suis ni Verlaine, ni Hugo,

je ne suis pas Juliette Gréco !

[SG/SM/99/289]

Activités de l'ACIF

Le mardi 19 octobre 1999, à 18 h, au Palais des Nations, salle F-3 :

Échange d'information sur la situation des langues au sein du Haut Commissariat pour les réfugiés.

En novembre 1999 : conférence de Mme Jeanne Penaud, ancienne Déléguée aux fonctionnaires internationaux auprès du Premier ministre français, sur le thème :

"Le fonctionnaire international : profil et réalités".

En janvier 2000 : rencontre avec l'écrivain congolais Henri Lopes, ancien directeur général adjoint de l'UNESCO,sur le thème : "le plurilinguisme à l'UNESCO".

Le 20 mars 2000, Journée de la francophonie :Participation à la cérémonie d'attribution du prix décerné par l'OIF au site des organisations internationales à Genève qui valorise le plus le plurilinguisme.